Saint Sébastien à la fin du Moyen-Age:l’exemple de Saint Etienne de Tinée

Pour une vision d’ensemble de la représentation de Saint Sébastien à la fin du Moyen-Age, nous vous proposons via le portail Persée cet article de Marie-Pierre Leandry Morin (auteur non documenté) Représentations provençales et piémontaises de la vie de saint Sébastien : procédés narratifs et sources textuelles, extrait de la revue Mélanges de l’Ecole française de Rome. Moyen-Age, Temps modernes T. 109, N°2. 1997. pp. 569-601. (la revue publie depuis 1881 des études en histoire et archéologie sur l’Italie et le bassin occidental de la Méditerranée des origines à l’époque contemporaine).

Il s’agit d’une étude iconographique sur la base d’un ensemble de cycles narratifs consacrés à la vie de saint Sébastien peints entre 1440 et 1550 sur les murs de chapelles prophylactiques des Alpes occidentales, on examine le fonctionnement des procédés narratifs de l’image en mettant l’iconographie en rapport avec les sources textuelles.

Le portail Persée ne disposant pas des droits de publication des images, nous vous invitons à consulter d’une part notre Flickr, mais aussi cette page du ministère de la culture, réalisée par le Centre International de Documentation et de Recherche du Petit Palais d’Avignon (Sophie Kovalevsky
Marie-Claude Léonelli, Ministère de la Culture), elle est consacrée à la Chapelle Saint Sébastien de Saint Etienne de Tinée, vous y trouverez quelques représentations iconographiques ainsi qu’une brève description de la Chapelle.

Fresque de dimensions inconnues.Seconde moitié du XV.Détail, Chapelle Saint Sébastien à Saint Etienne de Tinée par Jean Canavesio et Jean Baleison.

Vous comprendrez ainsi l’intérêt de notre Saint hérisson, mais aussi les prémices de son aspect de saint protecteur de la peste.


Saint Sébastien et la musique

Comme nous avons pu le voir dans un article précèdent, le martyre de Saint Sébastien a inspiré beaucoup d’écrivains. Mais ce ne sont pas les seuls, dans la musique tout d’abord et également dans un opéra on retrouve la trace du martyre du Saint. Tout d’abord dans les chansons et les clips, de nombreux artistes ont inséré dans leur clip des images ou des références à Saint Sébastien, on peut citer comme exemple le groupe des Cranberries avec leur chanson zombies. Et également la chanson losing my religion du groupe R.E.M.

Dans une des parties de l’analyse du clip des Cranberries, Yannick Elahée (étudiant en IUT service et réseaux de communication) nous explique la présence de la « figure » de Saint Sébastien.

Il existe également un opéra de Debussy et Annunzio qui s’appelle le Martyre de Saint Sébastien. Cet opéra dont le texte est d’Annunzio et la musique de Debussy raconte l’histoire du Saint dans laquelle le martyr est joué par une femme, Ida Rubinstein. Voici l’article « Le Martyre de Saint Sébastien » du site La France Gaie et lesbienne (Centre de ressources sur l’homosexualité en France) qui fait un résumé des différents actes qui composent l’opéra.

Voici un lien (disponible sur le site de la Médiathèque de la cité de la musique) qui permet de voir des extraits ou le concert complet qui a été enregistré à la Cité de la musique le 31 janvier 2012. Où sinon il existe des vidéos sur Youtube avec des extraits des différents actes de l’opéra.

Enfin nous vous conseillons l’article de Jacques Depaulis (docteur en médecine et musicologue), « Quelques précisions nouvelles sur le Martyre de Saint Sébastien » qui raconte l’histoire de la création de l’opéra par Annunzio. Pour cette histoire, il s’est aidé des correspondances entre Annunzio et la comédienne Ida Rubinstein mais aussi avec Debussy ou d’autres artistes.


Saint Sébastien et la communauté homosexuelle : origines, appropriations, contestations

Dans cette catégorie du blog, nous analysons la place de Saint Sébastien à l’époque contemporaine et comme nous l’avons maintes fois évoqué, sa forte assimilation avec la communauté homosexuelle, voir LGBT. Ce vidéo de la journaliste Federica Giordani (publié sur le site amateur « c6.tv », sans date de mise en ligne) s’intéresse à l’iconographie actuelle autour du saint, qui le présente comme icône gay par excellence. Cependant cette attribution est relativement récente,comme l’ont montré nos différents articles, et date de la fin du XIXème sicèle, début XXème siècle, pour atteindre son paroxysme après les révolutions sexuelles de 1968.

La vidéo prend comme point de départ l’iconographie contemporaine présente  dans l’exposition « San Sebastiano icona gay «  à l’Open Pier Space de Milan (une exposition collective de 25 artistes italiens, se déroulant du jeudi 20 janvier  au 26 février 2011), et semble nuancer cette revendication très forte de la part de la communauté homosexuelle qui voit dans le saint, une icône gay, saint patron de la communauté gay catholique, ou saint protecteur contre le sida.

Le sujet meme de Saint Sébastien est une hérésie pour la communauté catholique, et suscite de nombreuses controverses : mais le choix meme de Saint Sébastien comme icône gay est remis en cause dans cette vidéo. Elle révèle que ce saint était agé d’une trentaine d’année à l’époque de son martyre, contrairement aux iconographies provocantes de la fin de la Renaissance présentant un saint, jeune, athlétique et très beau. Mais par ces caractéristiques que les artistes ont inventé au fil du temps, le statut du saint a évolué, voir déformé si on en reste à la stricte lecture de La Légende Dorée, et il apparait alors « prédisposé » à éveiller les fantasmes, exciter l’imaginaire homosexuel depuis des écrivains comme Gabriele d’Annunzio, qui vont jusqu’a imaginer un amour homosexuel entre Sébastien et Dioclétien…

C’est bien l’évolution de l’iconographie, de la société et des mentalités et surtout l’imagination des artistes qui on fait de Saint Sébastien une icône gay.


Saint Sébastien dans la littérature contemporaine

Au 20ème siècle, on voit l’apparition de toutes nouvelles formes de représentations de Saint Sébastien, il y a bien les différentes représentations de Saint Sébastien en tant qu’icône de la communauté LGBT mais ce n’est pas la seule représentation qui existe.  De nombreux auteurs contemporains, ont utilisé le modèle de Saint Sébastien pour créer des personnages.

Dans sa thèse intitulée « La figure de Saint Sébastien », Bérangère Grandpré (étudiante en lettres modernes à l’université Marc Bloch, Strasbourg II) étudie différentes œuvres d’auteurs du 18ème siècle et 19ème siècle.

A travers ces auteurs que sont Mirabeau (Sébastien Roch), Trakl (Sébastien en rêve)  et Annunzio (Le Martyre de Saint Sébastien), elle met en avant l’ambiguïté du saint aussi bien au niveau sexuel, psychologique et esthétique.

A travers son mémoire elle nous montre à quelle point bien que l’histoire de ce martyre soit très ancienne, les représentations de celui-ci et ses idéaux sont encore d’actualité. Ces trois auteurs bien que différents arrivent à rendre une image quasi commune du saint.

Et bien que chez certains auteurs comme Mirabeau il n’y est aucune référence à Saint Sébastien, à la lecture de l’ouvrage on voit bien que le lien avec le saint est réel, intentionnel et profond.

Pour son étude, Bérangère Grandprè s’appuie sur un large corpus de texte, ainsi que sur de très nombreuses représentations de Saint Sébastien.


Saint Sébastien et la peste : l’analogie entre flèches, sagittation, espoir de guérison

L’article partagé sur le site Persée, portail de revues scientifiques en sciences humaines, écrit par Jean Claude Schmitt, dans « Archives des sciences sociales et religions » année 1977, volume 44, numéro 40-42 (il résume un ouvrage intitulé  » Le Culte de saint Sébastien en Alsace. Médecine populaire et Saints Guérisseurs  » écrit par Marie Madeleine Antony-Schmitt, lien vers notre compte Delicious)  présente l’historique du culte de Saint Sébastien, les origines et les causes, liées à l’apparition de la peste. Pour ce il s’appuie sur l’exemple alsacien.

On sait que le saint dès la fin du VIIème siècle, à Rome est invoqué pour protéger la ville contre la peste : depuis Homère la flèche est associée à cette épidémie mortelle, le dieu grec est connu pour avoir frappé la ville de Troie par ses flèches, répandant l’épidémie dans la ville entière. Saint Sébastien apparait dans un premier moment comme une des communes appropriations chrétiennes du paganisme. Mais après cette connotation négative de la flèche, car associé à la peste, vient une connotation positive : elle devient l’instrument du salut du saint, il en a fait l’instrument de sa salvation, les archers de Dioclétien lui ont donné le pouvoir d’intercéder auprès de Dieu. C’est une des raisons principales pour laquelle ce saint précis, devient un objet de dévotion intenses lors des épidémies de peste, et suscite l’espoir de guérison de la part des fidèles.

La chrétienté  et son iconographie réservent des la fin du Moyen Age une place pour le saint dans les retables comme protecteur contre la  peste au coté de Saint Roch, et à la même époque, des guildes d’archers se placent sous la protection directe de saint Sébastien.


Le martyre des flèches en tant que métaphore érotique

L’article de Didier Martens, « Sebastiaan.Martelaar of mythe » (l’auteur est enseignant de philosophie et lettres à l’université libre de Bruxelles,  article publié dans la Revue belge de philologie et d’histoire, année 1995, volume 73, numéro 73-4, lien vers notre compte Delicious) s’intéresse aux différentes attributions de ce saint au fil des époques, et plus particulièrement au passage du saint martyr à un modèle érotique, grâce à ce martyre particulier de la sagittation, qui devient progressivement dans l’imaginaire une métaphore érotique.

En effet, ce jeune corps dénudé et athlétique va servir d’interprétation sexuelle de sa sagittation non mortelle. La flèche deviendrait alors un symbole phallique et Saint Sébastien une victime consentante. Cette vénération homosexuelle du saint repose davantage sur l’iconographie que sur la littérature canonique ( comme la Légende Dorée, ou la Passio du Saint), les artistes représentant un corps de plus en dénudé, provoquant, voir parfois avec une certaine ambiguïté sexuelle.

Ainsi des artistes de la Renaissance tels El Greco (lien vers notre compte Flickr) ou des photographes plus contemporains comme Raymond Voinquel (lien vers notre compte Flickr) n’hésitent pas à représenter un saint nu, provoquant, livré à son martyre des flèches, avec une expression extatique.


Saint Sébastien et le nu en peinture.

Afin de comprendre comment Saint Sébastien devient un véritable canon de beauté à partir de la Renaissance, il convient dans un premier temps d’évoquer le contexte général du corps en peinture.

Pour cela, nous vous proposons de consulter l’article « nu » de l’encyclopédie Larousse en ligne (auteur inconnu, directeur de la publication : Isabelle Jeuge-Maynart) hébergée par la société Hachette Livre.

Cet article nous propose une histoire de l’évolution de la peinture du nu du Moyen-Âge au XXe siècle, en passant bien évidemment par la Renaissance. Il évoque le sujet aussi bien du point de vue du traitement que de la réception.

Saint Sébastien et quelques une de ses représentations y sont cités à plusieurs reprise à titre d’exemple, c’est donc un bon moyen de replacer notre personnage dans un contexte iconographique plus large.


Saint Sébastien et l’érotique homosexuelle.

Aujourd’hui icône homosexuelle, et Saint Patron de la communauté Gay catholique, Saint Sébastien connait une représentation sensuelle et érotique dès la Renaissance, sans que cet aspect ne soit explicitement évoqué à l’époque.

Karim Ressouni-Demigneux, actuellement ATER à l’université de Provence,  membre associé du Centre d’Histoire et Théorie de l’Art (CEHTA) et membre du comité de rédaction d’Images Re-vues, a consacré son mémoire en 1996, puis sa thèse de fin d’étude en 2002 à l’image érotique de saint Sébastien et à  son rapport avec l’homosexualité à partir de l’étude de la production picturale de la Renaissance.

Nous vous proposons ici son mémoire complet La chair et la flècheLe regard homosexuel sur saint Sébastien tel qu’il était representé en Italie autour de 1500mis en ligne par l’UFR de philosophie de l’université Paris I.

L’auteur y retrace l’histoire du lien qui unit Saint Sébastien à l’homosexualité depuis la Renaissance, tout en faisant référence à ses représentations et ses connotations contemporaines.

Sur une note un peu plus insolite, nous vous proposons également de consulter   l’intervention de ce même auteur lors du colloque consacré à l’historien de l’art Daniel Arasse à l’Institut National de l’Histoire de l’art du 8 au 10 juin 2006.

Il s’agit ici d’une intervention à propos de l’ouvrage  « Le corps fictif de Sébastien et le coup d’œil d’Antonello » de Daniel Arasse, Karim Ressouni-Demigneux revient sur un détail particulier du Saint Sébastien d’Antonello da Messina, dans lequel le nombril du saint représenterait un œil.

L’intervention est téléchargeable gratuitement au format audio ou vidéo depuis mars 2011 via le site de diffusion de l’école normale supérieure de Paris


Saint Sébastien: « l’expérience limite ».

A partir de la Renaissance, nous le savons, le corps de Saint Sébastien évolue du simple vieillard au jeune éphèbe que nous connaissons à travers la plupart des tableaux du XVe siècle et au-delà  jusqu’à devenir l’icone érotique et homosexuelle du XXe.

Pour réfléchir sur cette appropriation de la sensualité à travers le corps de Saint Sébastien, nous vous proposons cet article Sébastien : jadis et maintenant, essai  rédigé en 1988 et mis en ligne en 2010 sur le  blog « Lettres à un jeune philosophe de l’histoire et autres essais » par Jean-Paul Coupal.

Jean-Paul Coupal, chercheur en philosophie de l’histoire et en comportements des psychologies collectives des cultures et des civilisations à l’Université Concordia, Montréal et auteur de plusieurs blogs et essais à visée philosophique nous propose ici d’étudier l’évolution la représentation de Saint Sébastien à travers le temps, en peinture et sculpture, l’accent est mis sur la beauté et l’aspect érotique du corps.

Est évoquée bien sûr la relation à l’homosexualité, mais c’est avant tout le corps qui est mis en valeur à travers ses différentes postures et expressions et l’évolution de son traitement à la Renaissance et à la période baroque, cet article aide donc à comprendre en quoi Saint Sébastien devient, dans l’imaginaire commun, l’incarnation de la beauté sensuelle.

L’article étant véritablement complet et bien documenté, vous y trouverez une bibliographie importante une iconographie fournie, détaillée, et assez complète sur les diverses périodes de représentation du Saint.


Saint Sébastien : modèle antique

Au XVème siècle, on observe une transformation dans la représentation de Saint Sébastien due à la redécouverte du modèle antique, et plus précisément de la statuaire grecque, ainsi qu’à l’importance que les artistes accordent au nu masculin.

Pour approfondir ce sujet, nous vous proposons l’article « De l’amazone blessée à Saint Sébastien » de Mme Françoise Gury, (historienne de l’art et chercheuse au CNRS spécialisée dans le monde romain et ses provinces).

Dans cet article, l’auteur montre les parallèles que l’on peut faire entre Saint Sébastien et la statuaire antique. Elle part de différentes scènes de banquet de l’époque de la Grèce antique retrouvées sur différents supports tels que des vases, pour approfondir son analyse et finir sur les représentations et les positions de Saint Sébastien durant son martyre.

Elle cite et décrit plusieurs œuvres qu’elle compare ensuite à différentes représentations de Saint Sébastien. On retrouve dans ces comparaisons, des statues telles que celle de Dionysos, Narcisse ou encore d’Apollon.

A partir d’un simple mouvement, celui de mettre son bras levé autour de sa tête, Mme Gury développe toute une réflexion basée sur de nombreux exemples ainsi que sur un corpus de texte très abondant.